M m’écrit, il revient d’Italie, enfin je veux dire il revient toujours d’Italie maintenant, l’Italie est là, tout le temps, elle attend qu’il en fasse un livre, autre chose. Il me demande ce que moi, je fais, les projets, l’écriture, les photos. Et puis son site web ne ressemble plus à son site web, mais moi je m’en éloigne, de ça, faire des sites web et les réparer, c’est-à-dire que je m’en suis déjà éloigné, ce n’est plus là pour lui ou d’autres. Et puis je lui dis la difficulté que j’ai à tenir mon journal. Je me demande ce soir si ce n’est pas parce que je ne regarde plus autour de moi. C’est peut-être voir, que je ne sais plus faire.
La jeune femme blonde, dans le tram, par exemple, blonde Marylin, pourquoi l’ai-je à ce point ignoré tandis qu’elle se maquillait comme un tuto Youtube ? Parce qu’elle était d’un genre qui ne m’intéresse pas, ce genre à poser ses pieds sur les sièges ? D’un genre sans émotions mais pétris de comportements et de gestes, cette arrogance, d’un genre sans altruisme, d’un genre que je juge, tout de suite, monnaie de sa pièce ? D’un genre qui ne me donne pas envie de parler d’elle ?
De qui alors ? De qui faut-il parler ? Qui faut-il regarder attentivement pour vouloir le décrire ? Ce garçon aux doigts sales comme ceux de la rue, fashion et un peu soûl, les cheveux gras, le regard dans le mien sans trop savoir pourquoi.