Tu me demandes ce que je vais faire durant ces quelques jours à Paris ; je te demande en retour si c’est une invitation pour la Normandie. Sans trop savoir si j’en ai envie ou pas, j’interroge une éventualité, j’avance un pion sur l’échiquier. Quelques heures plus tard, lorsque j’écris ces lignes, je ne me souviens pas de ta réponse, il y avait des ailleurs qui t’éloigneraient, le Portugal et quoi d’autre ? Les mots, ceux des autres et les miens, trop vite, disparaissent, à supposer qu’ils se soient accrochés quelque part, quelque temps. Écrire ce journal, c’est être face à l’oubli. De samedi, je n’ai rien su dire. J’aurais pu parler du garçon en vêtement de sport rouge qui ne voulait plus être coiffeur et montait à Paris pour travailler dans le luxe. Mais je voulais parler de toi. J’aurais voulu longuement parler de toi.
Je m’invite chez toi, dans un sourire. N’y vois-tu qu’un trait d’humour de plus puisque hier tu avais ri de mes mots ? Je m’invite parce que si nous sommes là, encore, toi et moi, à cette terrasse trop à l’ombre, ce n’est peut-être pas pour rien.
Et puis nous marchons, quelque chose s’éteint peut-être tandis que je te suis et que je t’observe, ton chien au bout de sa laisse. Notre au-revoir ne dit pas que nous ne sommes là pour rien, il ne dit pas non plus que nous nous attendrons. Nous avons été là pour quelques heures et un prénom de plus.