Je n’imaginais pas son visage ainsi. Je la savais jeune, tu me l’avais dit, 27 je crois, 26 peut-être. J’imaginais une jeune femme dégageant une certaine force, une coupe au carré acajou pour mieux affronter ton énergie et cette Andalousie qu’il y a en toi, puisque je n’ai pas peur soudain de quelques clichés régionalistes. Non, elle porte des cheveux châtain bouclés, des lunettes aux fines montures de métal fin comme j’en portais peut-être à l’école primaire. C’est sa fragilité qui s’assied avec nous, sur les tabourets hauts de chez Berthom. Elle ne commande rien, finit un peu de ta pinte, et puis nous partons. Une pizza d’abord. Fragile, elle ? Non, évidemment non.
Puis un premier bar où la jeunesse n’est plus de mon âge et où je n’avais pas mis les pieds depuis au moins trois années. Dehors K fume, derrière la porte d’entrée c’est D qui est là : vais-je m’y sentir moins seul donc moins vieux ? La liesse y déborde, on y danse, iels y dansent sans relâche sur des airs que j’ignore. Au bar il y a cet homme qui n’a même plus mon âge et qui semble perdu, triste, ailleurs, je ne sais pas. Bien vite, d’un accord presque commun, puisqu’on hésite toujours un peu – ne faut-il pas attendre ? – on part.
Enfin, un autre bar, mes habitudes. Ici c’est tout l’inverse : personne ne danse. Le DJ se démène, presque pour nous. Parfois S s’approche, une vodka-orange à la main, gigote un peu, et puis repart. Soudain N arrive, surprise réciproque, nous voilà dans nos bras et puis je vous présente. Vous partagez cela : le même prénom, le tien a un accent. “Tu connais tout le monde“, ils disent. Non, évidemment non.