Alors Antoine Wauters dit cette phrase déjà dite autrefois et déjà écrite ici, il dit qu’il écrit pour être nombreux. Belle et complexe dans sa simplicité, cette phrase date d’un jour où j’allais avec lenteur, épuisé par les jours précédents.
J’attrape alors un bout de carton pour prendre quelques notes avant de tout oublier, mais ce sera tout comme. Je note :
– L’écriture d’une fiction, elle nous confisque.
– peureux / poreux
– “Je flottais déjà quand j’étais enfant c’est-à-dire que je recueillais les choses.”
Et puis au milieu j’écris cette phrase pour mon journal : il me revient à l’esprit la question de Tristan sur le bonheur de l’enfance. Je crois qu’au départ il — Tristan, donc — m’avait demandé quel était mon souvenir le plus heureux. Et puis il en était arrivé à l’enfance, ce qui ne changeait pas grand chose parce que, creusant dans mes souvenirs, je ne savais pas quoi lui répondre, si ce n’est qu’a priori le sentiment de bonheur ne m’avait pas pour habitude de m’envelopper. Le malheur non plus. Je flotte sans doute dans un entre-deux satisfaisant, fait de joies, de sourires ou de jouissances, de mélancolie, de peines ou de manque, provenant de ci de là et saupoudré de fatalisme.