Mercredi 8 octobre 2025

Le spécialiste a écouté mon présent, mes luttes, mes impossibles. Il me demande l’enfance, l’école. J’y ai déjà réfléchi, je savais la question inévitable. Mais j’ai peu de souvenirs. L’un des rares, en CE1, l’institutrice qui me rappelle à l’ordre : je n’écoutais pas mon camarade. Mais le souvenir est flou. Il me semble qu’alors, elle me demande de lire le même passage, à voix haute et qu’ensuite, je peine à raconter ce que je viens de lire. Un seul souvenir, ça ne veut rien dire. Un seul souvenir incertain encore moins.

C’était comment l’enfance ? J’étais comment, sur les petites chaises de l’école primaire ? Souvent sage, je n’en doute pas. C’est plus tard que ça se gâtera. Attentif ? Pas sûr. Participant ? Sûrement. Quelque part en moi, le souvenir flou de ma détestation de l’Histoire, comme une matière pas faite pour ma tête. Pas de logique, dans l’histoire de France ou de Navarre, juste du souvenir à ingurgiter. C’est une piste. Plus tard, le collège, oui, c’est plus net, bien sûr. Les devoirs devant la télé, les rires en classe, une vraisemblable très grande facilité, pas d’effort, cette camarade qu’on félicite parce qu’elle travaille beaucoup, je suis au premier rang, elle aussi.

Ça veut dire quoi ? Ça vaut quoi ? C’est plus net plus tard, mais après l’âge de douze ans, ce n’est pas cette période qui l’intéresse, le psychiatre. Si on creuse, c’est avant, pour savoir. Et si on ne sait pas, on fait quoi ? On fait quoi de moi maintenant ? C’est le moi de maintenant qui est là, dans ce cabinet.