Elle doit, elle aussi, se demander ce que deux gaijin viennent faire par ici, ce quartier nord où le touriste étranger est une denrée rare, malgré une certaine proximité avec le sanctuaire de Kamigamo, et c’est un tort pour le touriste étranger qui par son ignorance, son emploi du temps un peu chargé ou le trop vaste choix de visites locales, ne profite pas du calme et du charme du coin où, et s’il lui venait l’idée de grimper un peu, là-bas au fond de ce petit jardin, il pourrait avoir une jolie vue sur Kyoto, c’est trop bête de manquer ça. Elle porte un ensemble de vêtements aux motifs multiples, d’une photogénie rarement égalée, avec une blouse fond noir à motifs fleuris bleus lavande et blancs recouvrant un vêtement sans manches avec un pied-de-poule marron recouvrant lui-même un pull aux manches dalmatien au bout desquelles sont accrochées, pour éviter les taches, des manchettes à petites fleurs bleus et roses. Lorsqu’elle sort de derrière le comptoir on découvre un pantalon à motifs plus discrets, quelque chose du cachemire je crois, aperçu trop brièvement pour être sûr.
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Il doit, à présent, croire qu’on parle parfaitement japonais, depuis le temps qu’il nous voit venir à sa boutique, il ne sait même plus depuis quand. Sa femme, elle, ne semblait pas trop sûre, l’autre jour, que l’on habitât ici, après qu’elle avait essayé de me faire comprendre que sa fille avait quitté Aix pour Paris. Mais qu’importe sa femme, le voilà donc parti dans une explication sur la façon de boire le saké qu’on vient de lui acheter, à savoir la température, c’est en tout cas ce que l’on devine alors qu’il frotte son index droit sur sa main gauche, tandis que tu acquiesces avec assurance et que je hoche.
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Le film du soir : Sad vacations, sans qu’on sache vraiment pourquoi ça porte ce titre.