Mercredi 6 avril 2016

Elle a la gouaille et le look d’une patronne de boîte de nuit : cuir, talons hauts et années d’excès. « Je pourrais avoir un café au lait et un croissant ?« , demande-t-elle au patron du café de la gare d’Angoulême, aussi peu aimable avec sa clientèle qu’avec ses employés. Comme moi, elle attend, femme fatale et fataliste, le TGV ayant subi une heure de retard à cause d’une alerte à la bombe. Avec elle, un type en costume crème, genre personnage de maquereau chez Echenoz, qui commande un demi et lui explique ce qu’est un panini et que les meilleurs sont en Italie. Je suis plongé, une fois n’est pas coutume au milieu de ce séjour, dans la grammaire japonaise, qui, malgré la douleur subie en faisant quelques exercices, me donne envie d’être là-bas, où tout n’est pas sans risques, certes, et où je ne peux pas retranscrire les conversations de mes voisins de table, certes, mais où les trains n’ont ni alerte, ni ralentissement et où les patrons de bar vous sourient.