De nouveau glissé sous les épaisseurs du lit – un drap, deux couettes – après avoir avalé un jus de fruits et un bol de muesli au rythme habituel, j’ouvre le catalogue de l’exposition « À partir d’elle », exposition que j’ai manquée par optimisme – je reviendrai à Paris -, douleur – il n’était plus question d’y aller le 10 février – puis fatalisme né d’un agenda chargé et d’un regard sur le prix des billets de train- tant pis.
La première phrase de la préface du livre rapporte les mots de Barthes dans Journal de deuil : « Sans doute je serai mal, tant que je n’aurai pas écrit quelque chose à partir d’elle. » La phrase éclaire le texte justement écrit le 10 février pour ma sœur. Je mets alors des mots, il est à peine 9h, sur ce besoin d’écrire à la mort de mon père et de ma sœur, vite. Il s’agit, s’agissait alors de me libérer de quelque chose, de faire remonter à la surface une part – peut-être la plus importante, mais pas la seule – de ce que nous étions pour ne plus avoir à l’écrire plus tard. Être moins mal, à supposer qu’on puisse l’être moins dans les heures qui suivent le mot fin, en ne gardant pas en soi.
Et puis le ciel bleu m’appelle. Je dois écrire, mais je sens qu’il faut d’abord m’éloigner un peu de l’écran, alors je vais sur les quais, ça fait du bien de voir les gens, et puis je crois que le livre d’Annie Ernaux entamé hier me ramène à autrefois : les autres plutôt que moi. Les regarder, les dire, certains dans leur solitude.




























