L’appartement de notre mère, près de la Porte de Saint-Cloud, est devenu un capharnaüm sans vie qui dégage une tristesse poignante. Mon frère et moi nous employons à le vider de ses meubles, de ses livres, de tout ce que maman avait acquis au fil des années et de ce qui lui vient de ses parents : un précieux bric-à-brac qui a l’étrange pouvoir de raconter plusieurs générations, plusieurs vies.
::: Anne Wiazemsky ; Hymnes à l’amour
Il y a dehors ceux qui craignent le froid et la pluie, les hommes assis sur le trottoir sous d’épaisses couvertures de peu, presque on les enjambe, on ne sait ni dire ni faire ni les regarder vraiment et puis il y a les femmes grimaçant sur des vélos. Hier je suis resté chez moi, je n’ai rien vu, rien vu que la pluie qui frappait les carreaux. Je ne sais même pas s’il faisait froid dehors, je n’ai pas franchi la porte, pas ouvert la fenêtre. J’avais aimé ce cocon, j’avais travaillé à l’abri des autres.