Mercredi 3 juillet 2024

Je viens de te laisser sur le quai du tram, un au-revoir expédié pour que tu ne rates pas ton train. Un au-revoir expédié pour ne pas pleurer sans doute. Les 10 centimes que tu avais cru volés par la machine sont au fond de ma poche à présent, ils étaient un peu en retard eux aussi.

Je passe rue de Guyenne, il y a des marguerites peintes sur les pavés, certaines n’ont qu’un pétale, deux, trois… comme si une main délicate les avait arrachées en pensant « Je l’aime, un peu, beaucoup… ». Je souris. Tous ces jours ensemble sont au milieu des pétales, cœur jaune comme un soleil si rare, avec le choix du verbe aimer, celui surtout du mot ami, celui qui a kiffer pour synonyme dans tes mots.

Ton pays t’attend, ou plutôt en ce moment c’est toi qui l’attends, c’est toi qui ne sait pas quand il te dira « Reviens ! »

Tu vas redevenir rare, peut-être nous verrons-nous vite sur un quai de gare le 26 de ce mois, tandis que j’irai vers d’autres pétales, un autre cœur, une autre couleur, douce et résistante.