Je viens de te laisser sur le quai du tram, un au-revoir expédié pour que tu ne rates pas ton train. Un au-revoir expédié pour ne pas pleurer sans doute. Les 10 centimes que tu avais cru volés par la machine sont au fond de ma poche à présent, ils étaient un peu en retard eux aussi.
Je passe rue de Guyenne, il y a des marguerites peintes sur les pavés, certaines n’ont qu’un pétale, deux, trois… comme si une main délicate les avait arrachées en pensant “Je l’aime, un peu, beaucoup…”. Je souris. Tous ces jours ensemble sont au milieu des pétales, cœur jaune comme un soleil si rare, avec le choix du verbe aimer, celui surtout du mot ami, celui qui a kiffer pour synonyme dans tes mots.
Ton pays t’attend, ou plutôt en ce moment c’est toi qui l’attends, c’est toi qui ne sait pas quand il te dira “Reviens !”
Tu vas redevenir rare, peut-être nous verrons-nous vite sur un quai de gare le 26 de ce mois, tandis que j’irai vers d’autres pétales, un autre cœur, une autre couleur, douce et résistante.