Jeudi 25 juillet 2024

Il s’appelait Domenico, mais il ne le savait pas. On l’avait toujours appelé Mimmo.
Il était né le premier dimanche de septembre en sortant de sa mère par les pieds.
Il y avait une pluie fine qui vous trempait, et une légère brume au parfum de sous-bois, jamais vue dans cette ville-là. D’autres brumes dominaient, elles avaient la lourde consistance des fumées des rôtisseries en plein air que le vent de mer brouillait en tourbillons voltigeurs, apportant des odeurs de viande jusque dans les maisons de ceux qui, de la viande, n’en mangeaient jamais. Ils en éprouvaient à la fois un certain plaisir et une certaine douleur. Mais le jour où naquit Mimmo, la brume avait la consistance des contes. C’est ce que lui avait raconté sa mère.
::: Giosuè Calaciura ; Borgo Vecchio

Mercredi 24 juillet 2024

C’est un joli prénom, Mobylette.

::: Simon(e) Jaikiriuma Paetau et Natalia Escobar ; Aribada, 2022

Mardi 23 juillet 2024

Je regarde les mois qui précèdent, je sais, je crois savoir ce qui avait presque disparu : les quais de la Garonne. L’ennui – toujours le même parcours –, sans doute la météo – souvent le même ciel –, bien sûr la paresse, le travail qui envahit la tête, Présence, et puis l’évaporation du rituel photographique, tout ça avait discrètement balayé une habitude qui, inconsciemment, allégeait mon esprit : sortir un peu, marcher, regarder les passants, respirer. Il s’agit de reprendre le chemin.

Lundi 22 juillet 2024

Le jour où, voici trois ans, Monsieur entra dans ses nouvelles fonctions, on lui attribua un bureau personnel, jusqu’à présent c’était parfait, au seizième étage, tour Léonard-de-Vinci. La pièce était spacieuse, assez haute de plafond. Une grande baie vitrée, en verre bleuté, dominait la ville. La table de travail, située à portée de main de deux armoires métalliques, identiques, comptait six tiroirs, de part et d’autre, et était recouverte d’une plaque épaisse, en verre fumé. Le fauteuil, Monsieur s’en assura négligemment, pivotait.
::: Jean-Philippe Toussaint ; Monsieur

Dimanche 21 juillet 2024

Alors j’allume MUBI, je ne sais pas trop quoi regarder. Je sais que je devrais peut-être travailler mais retrouver le cinéma est une des bouées de sauvetage que je dois empoigner. Alors je pioche, je choisis No Pasaran. J’ai commencé à regarder ce film il y a quelques mois… Je ne l’avais pas fini. Je l’ai vu, aussi, autrefois. Alors je commence et puis je m’endors et je me réveille. M’endors. Me réveille. Me rendors. Ainsi de suite. Je vois le film de manière découpée, hachée, fichue, broyée.

Ce sont sans doute les deux bières prises avec Emanuele et Kevin qui ont eu un effet désastreux ; j’avais entendu mon prénom au moment où j’allais m’installer en terrasse de l’Utopia, on avait papoté et puis j’avais dit “On prend un verre ?”. On avait passé un long moment à discuter, ça changeait de ce bar où l’on se retrouve parfois et où l’on n’aime pas vraiment aller parce que, justement, on ne peut pas parler. C’est-à-dire sans hurler, vous voyez ?

C’est peut-être la voix douce du réalisateur, trop douce.

Vendredi 19 juillet 2024

Soir. Copie de fichiers pour ne rien perdre de ce trop plein de fichiers que j’ai la flemme de trier et finale de Drag Race France sur le même écran, pas si petit l’écran. Ultra Moderne Solitude. Je regarde encore et toujours ce programme avec une incertitude, un entre-deux. Ni enthousiaste, ni indifférent. Une curiosité, presque encore plus grande quand je trouve ça médiocre, en attendant le petit truc. Le petit truc, ça vient à la fin, dans toute la subtilité d’un reveal qui ne révèle rien d’autre que la même robe. C’est exactement ça, que j’aime, le petit rien dans l’extravagance.

Mardi 16 juillet 2024

Il est à peine 9 heures, comme chaque matin je me dis que j’ai encore le temps d’attraper le bus de 9h05 parce qu’il y a toujours quelques bouchons, quelques livreurs, sur le cours Victor Hugo. Message de Jeanne : Bonjour à vous tous, j’ai reçu de Tatiana, l’amie Ukrainienne de Renée, cette recette de gâteau aux abricots. Il est très bon. Ce serait chouette si vous essayiez de le faire et de lui transmettre une photo avec quelques mots ou vidéos comme vous voulez. Je communique très souvent avec elle depuis le début de la guerre. Elle a quitté Zaporijia dans un premier temps, puis y est revenue après la mort de son mari. Maintenant, elle vit avec sa mère de 99 ans. La vie est dure et la guerre très présente. Tatiana tente toujours de voir les sourires qui restent, en ce moment ils se font plus rares et le découragement pointe. Je crois que son gâteau à travers les uns et les autres lui ferait plaisir. Alors à vos cuillères en bois. Vous pouvez me transmettre vos images et messages je transmettrai sauf si vous souhaitez que je vous donne ses coordonnées directement. Je vous remercie et vous embrasse, Jeanne

Et puis y a ce moment où je réalise qu’il n’y a plus ce poids. Je ne sais pas pourquoi. Le renoncement ? Ou ça ? La guerre, ça.

Lundi 15 juillet 2024

Une fois que je suis assis sur son joli canapé deux places en velours vert, une fois qu’elle même est assise en face de moi, un bloc-note de grand format entre les mains, elle ne dit rien, elle fait une espèce de geste de la tête qui doit vouloir dire “Alors dites-moi.”

Elle est psychologue clinicienne. Je l’ai appelée jeudi, c’est elle. C’est une première.

Je parle. C’est facile pour moi, de parler. Être clair, c’est autre chose, mais c’est un peu pour cela que je suis ici, pour cette confusion qui règne à l’intérieur, parfois.

Je parle du travail, de ma façon de travailler, de mes difficultés, des idées parasites, j’évoque aussi l’élargissement des sillons cérébelleux, le décès de Sandra, le mois de mai, Présence aussi je crois. Je crois. Deux jours plus tard, quand j’écris ces lignes, il y a des zones d’ombre, des zones floues. Je revois son visage, ses cheveux longs. Il y a cette voix aussi. J’ai aimé être surpris en arrivant à son cabinet, la cour intérieure est charmante, j’ai laissé échapper un petit “Oooh”.

Elle parle peu. Elle réagit une ou deux fois. Pose une ou deux questions. Je n’ai pas forcément la réponse. J’hésite. Oui. Non. Je ne sais pas.

On se reverra en septembre. Diagnostic.

Dimanche 14 juillet 2024

Mon arrière grand-père, Lucien Boucaud, était un sacré bonhomme. Militaire, il avait fait les campagnes d’Afrique à la fin du 19ème siècle. Nous avons donc de lui quelques images presque effacées venant de tout là-bas, quelques armes, quelques défenses de phacochère, des questions aussi. Spoliation ? Achat ? Après la mort de sa première femme Aurélie Gatineau en 1915, il avait épousé sa cousine germaine, de 26 ans sa cadette, Louise Courtois. Les parents de ma grand-mère paternelle, ma mémé Lucette, étaient donc cousins germains, et avaient, je le répète, 26 ans d’écart. C’est au matin que je découvre ce détail qui n’en est pas un, ou sans doute le redécouvre car j’imagine qu’au hasard des conversations avec mon père, au hasard de ses envolées quasi lyriques quand il parlait de généalogie et notamment de ce grand-père intrépide qui pose au milieu de ses collègues sur la cheminée de mon salon dans une photo que j’aime beaucoup — il est alors cantinier à Paris, c’est peut-être la guerre ou juste avant —, j’imagine que mon père a évoqué cela. Nous sommes plongés dans quelques photos avec ma mère, je ne sais plus pourquoi, pourquoi lui, eux, je ne sais plus ce qu’alors on cherche quand j’écris ces lignes. Lucien, me raconte alors ma mère, avait promis à Louise de l’épouser un jour quand elle serait assez âgée. Alors je souris. Non pas de cette promesse, mais de ces 26 ans, qui donc séparent, ou unissent. Car — ou Et ? — l’après-midi, lorsque maman me pose quelques questions sur mes vacances, te voilà. Je te raconte un peu. Je me dévoile un peu. “Comme Lucien Boucaud“, alors j’ajoute.

Samedi 13 juillet 2024

Il y a les années passées, cinquante. On les célèbre, petit comité discret qui ne veut pas faire fête, qui ne peut pas. On cherche à sourire, à se rappeler, il y a quelques photos accrochées, on y voit des absents, ceux morts parce que le temps passe, ceux morts parce que ça n’épargne personne. Je porte cette audace achetée hier, cowboy virevoltant sur une viscose couleur ciel, c’est ma façon de sourire peut-être, d’enfouir, de balayer le réel, superficialité, distraction, originalité, l’habit fait-il le moine ? Ma cousine est seule, je ne demande rien de ce que je sais sans savoir, je sais juste une situation, pas de détail, pas de question, c’est-à-dire que je ne trouve pas le moment, je me dis que je lui écrirai, l’appellerai, elle n’est pas très sûre non plus que c’est moi qui ai écrit un livre, nous sommes des distances et des silences qui ne veulent pas dire grand chose. Il y a la vie, quoi. Ma cousine fait quelque photo, ses sœurs non, maman oui, moi non, non je ne fais pas de photo. Je sens que ce serait trop, dans ce cercle où j’ai encore un pied. Trop sur le bord du trop.

Vendredi 12 juillet 2024

Il y a mes heu et mes ben, interminables. Je les écoute. Je les subis. Je les assume aussi. Il y a aussi cette façon un peu rude de parler. Il y a les réponses hésitantes que je n’ai pas à des questions que je n’attendais pas. Il y a tout ce que j’ai déjà oublié dans Présence. Il y a les erreurs chronologiques. Il y a ce que je n’ose pas dire et qui entraine un contresens. Il y a 59 minutes enregistrées.

Jeudi 11 juillet 2024

C’est comme une montagne sur les épaules. Mais je tiens, j’y vais, au boulot, j’y vais. Je tiens, mais je prends mon téléphone, j’appelle en descendant du bus, c’est un matin d’été comme j’aime, il fait beau, le campus est vide, répondeur, c’est Claire qui m’avait donné son numéro il y a quelques semaines après la conférence sur le TDAH chez Mollat. C’est une voix assez haute sur le répondeur, qui traine un peu, je me dis qu’elle pourrait m’agacer, mais non, je laisse un message, je laisse un message sinon je n’avancerai pas. Elle rappelle un peu plus tard, je résume, c’est un pas gigantesque, on se verra lundi, 10h30, rue du Professeur Demons, je prononce démons, bien sûr. Des monts ?

La journée il y a toujours les montagnes ou l’avalanche, je creuse ou je déblaye, comme hier par-ci par-là je dis non, je me libère. Trois fois rien mais trois fois tout. J’en parle à des collègues, j’expulse. Chez le coiffeur aussi, j’enlève un poids, quelques grammes, Oliver m’écoute, je me demande s’il pense que je fais ma drama queen ou s’il comprend que je suis vraiment au bord de quelque chose. Le soir je n’écris pas. Je ne sais pas pourquoi je n’écris pas, ça, ce truc que je vis. Oui, même, je crois que le soir je ne fais rien. Neuf jours plus tard, je ne sais plus. Je ne sais pas pourquoi je ne sais plus. Je ne sais pas pourquoi je ne laisse plus de traces du présent quand bien même j’en ai envie. Je ne comprends pas exactement cette espèce de piège mental, peut-être résumé en quatre lettres, peut-être pas. C’est peut-être juste la flemme. C’est peut-être juste moi.

Mercredi 10 juillet 2024

Alors, très vite, à peine arrivé, dire que non, Arles, ce n’était pas si bien, dire que ça ne va pas, dire que ça ne va plus.

Mardi 9 juillet 2024

Je quitte Arles avec 4 heures de retard, quelque part rassuré de me voir si patient. C’est si peu important, d’attendre. C’est presque bien, d’attendre là, de finir ces jours photographiques en laissant le temps s’imposer, le temps de rien, à supposer qu’attendre, ce ne soit rien. J’ai dans la tête des images, les dernières ce matin, c’était beau. C’était un Arles troublé, lourd des jours d’avant et des jours à venir, apeuré, à pleurer. Mais en même temps un Arles inédit, apaisé, doux ; sans doute parce que tu es là, c’est-à-dire là-bas, dans mon esprit, dans nos mots éparpillés.

Lundi 8 juillet 2024

Alors un train m’emmène à dix minutes d’Arles, un train qui, à peine le pied dedans, emporte aussi une obsession : ai-je débranché le fer à repasser ? Cette incertitude alors me ronge. Il me faudra des heures pour ne plus y penser, c’est-à-dire plutôt pour faire gagner l’idée que je l’ai débranché machinalement, et alors respirer parce que littéralement mes pensées étouffent de cette obsession, le corps comme en cage, dans la voiture pendant qu’Olivier est à la pharmacie, en retrouvant ma sœur sortie de l’hôpital, en nageant dans la piscine de leur location, en photographiant les alentours arides de la Chapelle Saint-Sixte, en grimpant les rues escarpées d’Eygalières – je sens Olivier tellement heureux de me faire découvrir ces lieux – et puis cela s’étiole, comme le jour. Le dîner, enfin, est agréable, on peut râler sur le service mais être bien ici ensemble ; c’est inattendu et l’on avait eu peur.

Dimanche 7 juillet 2024

Je crois qu’il va bientôt mourir. Il me l’a dit douze fois : Tu sais je vais bientôt mourir, mais je ne le croyais pas. Parce qu’il aime créer du frisson, il aime ajouter à son charisme avec des annonces dramatiques. Sauf que je l’ai vu s’essouffler de plus en plus vite, j’ai vu son regard se perdre souvent dans le vide, pas en mode réflexion, en mode bilan. Je l’ai vu faire demi-tour affolé car il avait oublié de prendre les médicaments. Je l’ai vu nous presser pour qu’on signe une sorte de trust d’héritage pour la maison de campagne. Je l’ai vu parler de moins en moins au futur. Sauf qu’il ne sait pas parler au présent et ne pense – officiellement – jamais au passé.
::: Panayotis Pascot ; La prochaine fois que tu mordras la poussière

Il est vingt heures, il y a des cris de joie, nos soulagements, on trinque et je choisis le bar grillé. Avec quoi il est servi ?


Samedi 6 juillet 2024

Alors je note que Sophie Calle dit de ses journaux intimes qu’ils sont une bouillie illisible et embarrassante. Je note et j’écoute, j’y reste, j’arpente, j’enregistre. Il y a là un cheminement vers la mort qui n’est plus tout à fait dans le ton de Calle, on ne badine plus, peut-être parce que ça s’installe, vraiment, chez elle, non plus la mort de son mère, de sa mère et de son chat, mais la sienne, là, au milieu des photos qui pourrissent dans l’humidité.

Vendredi 5 juillet 2024

Train vers Arles. Tout va bien jusqu’à ce que je pense au travail. Et là c’est un sentiment qui m’envahit, comme une avalanche. Hier j’ai écrit le mot “Trop”, un mot de quatre lettres au milieu du marathon. C’est par où l’aire de repos ? Le bouton stop ? Larmes. Je suis au bord de quelque chose qui n’a pas tout à fait un nom. Le paysage défile. J’ai envie de fuir mais le train ne va pas assez vite, pas assez loin. Ou de m’enfouir.

Cinq heures et vingt minutes de train. Ça laisse le temps de trop penser peut-être. Je ne fais presque rien d’autre.

Arles enfin, 10 rue du 4 septembre, appartement joli, j’aime. Arles, quatrième édition. Enfin. Expos.

Les Japonaises de Transcendance me laissent froid : j’ai encore l’esprit brumeux, elles ne sont pas là au bon moment et je ne sais pas, pour la plupart, ce qu’elles veulent me raconter. Puis Gaudrand m’ennuie, Latour me surprend. Cristina de Middel m’emporte, c’est formidable, une force, ça y est, je sais pourquoi je suis là. Et Nicolas Floc’h m’emmène à la limite de la photographie documentaire, j’aime aussi, autrement, j’aime.

Et puis ma sœur, téléphone, rien de grave elle dit, ou quelque chose comme ça.

Enfin Saé, Justine, expo, nos vies, dîner avec elles et des personnes qui s’ajoutent. Le Japon est là. Je suis là. Pas tout à fait, mais là.

Jeudi 4 juillet 2024

Librairie. Répondre. L’exercice est nouveau. J’ai l’habitude de parler de mes photographies, me voici aujourd’hui qui parle de mes mots, ceux qui ont donné naissance à Présence. Il y a quelques inconnus sur les chaises rouges et il y a des ami·e·s – je pourrais en faire la liste. Je m’étonne de certaines absences. Je suis à l’aise. J’aime être là. Gilles me parle, me pose des questions, je réponds. C’est inédit mais je sais quoi dire, j’ai préparé tout ça, j’ai réfléchi, beaucoup réfléchi, pris des notes, j’avais peur de tomber dans des pièges, devoir improviser et me prendre les pieds dans les circonvolutions de ma pensée. J’aime être là. On m’écoute. Je ne sais pas si je dis des choses intelligentes. Yves, au début, ne le sait pas non plus : il s’est endormi.

Mercredi 3 juillet 2024

Je viens de te laisser sur le quai du tram, un au-revoir expédié pour que tu ne rates pas ton train. Un au-revoir expédié pour ne pas pleurer sans doute. Les 10 centimes que tu avais cru volés par la machine sont au fond de ma poche à présent, ils étaient un peu en retard eux aussi.

Je passe rue de Guyenne, il y a des marguerites peintes sur les pavés, certaines n’ont qu’un pétale, deux, trois… comme si une main délicate les avait arrachées en pensant “Je l’aime, un peu, beaucoup…”. Je souris. Tous ces jours ensemble sont au milieu des pétales, cœur jaune comme un soleil si rare, avec le choix du verbe aimer, celui surtout du mot ami, celui qui a kiffer pour synonyme dans tes mots.

Ton pays t’attend, ou plutôt en ce moment c’est toi qui l’attends, c’est toi qui ne sait pas quand il te dira “Reviens !”

Tu vas redevenir rare, peut-être nous verrons-nous vite sur un quai de gare le 26 de ce mois, tandis que j’irai vers d’autres pétales, un autre cœur, une autre couleur, douce et résistante.

Dimanche 30 juin 2024

Ça commence par un soleil, matin, discret derrière les arbres. Un soleil, enfin ! Hier a été orageux au-delà de l’aurore, morose, pluvieux, le soir a été gris, frais. Nous étions un peu comme deux enfants dans une cabane.

Ça commence par un soleil, et l’on file voir le bassin baigné de lumière, boire un café, enfin ! Baignade, tu trouves l’eau trop fraîche tant que j’y plonge puis nage avec délice. On y oublie qu’il faudra partir, on y oublie ce qui nous attend le soir. Nous ne savons pas encore que nous avons ce goût en commun des soirées électorales.

Alors, après 20 heures, les visages se succèdent, jusqu’à la nausée. Les journalistes du service public assistent sans broncher à leur mort annoncée et colle des étiquettes “extrême-gauche” à qui bon leur semble, la plupart des politiques sont pétris de certitudes et mêmes les représentants de mon bord politique en viennent à m’épuiser, on nous a même ressorti Copé du placard et les vampires du RN se gargarisent dans des vomis de mensonge et de soi-disant bienveillance. Oh il y a quelques bémols, quelques flèches qui touchent. Mais.